Le Département des Opérations de Paix des Nations Unies (DOP), l'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR), la France et l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) s'engagent dans la promotion de l'égalité des genres et la protection de tou·te·s , particulièrement dans le contexte des opérations de paix.
Afin que les opérations de paix de l'ONU intègrent au mieux une perspective de genre dans la mise en œuvre de leurs mandats, le DOP et l'UNITAR, avec le soutien de la France et de l'OIF, ont lancé en novembre 2021 la première formation en ligne de l'ONU dédiée aux conseiller·ère·s militaires genre (CMG) au sein des opérations de paix. Ce cours a déjà permis de former plus de 2000 participant·e·s.
Sa seconde phase, approfondissant sur les plans pratique et opérationnel les connaissances et compétences acquises, s’est tenue du 6 au 17 juin 2022 au Maroc, sous la forme d’un atelier de validation de la formation pour les CMG.
L’atelier de validation a rassemblé 19 participant·e·s (9 hommes et 10 femmes) venant des États membres et des missions de maintien de la paix des Nations Unies. L’atelier a fourni des connaissances, compétences, attitudes et outils aux aspirant·e·s conseiller·ère·s militaires genre ayant vocation à intégrer une perspective de genre dans la mise en œuvre de mandats des opérations de paix. L’expertise et les retours des participant·e·s a contribué au perfectionnement de la formation en vue de sa validation.
Témoignages des participant·e·s de l’atelier de validaiton
La formation a donné la motivation, la compréhension et les compétences nécessaires aux participant·e·s pour qu’il·elle·s deviennent une source de changements travaillant pour une meilleure intégration de la perspective genre dans leur milieu. Quelques mois après la formation, les participant·e·s disent se sentir équipé pour travailler comme le rôle de conseiller·ère militaire genre et ont entrepris plusieurs actions concrètes pour sensibiliser leur entourage aux questions de genre. Voici quelques témoignages mettant en lumière l'impact de cette formation dans la vie professionnelle des participant·e·s ainsi que des initiatives que la formation leur a inspirées:
« Je pense que c'est une formation de haut niveau […] qui m'a beaucoup outillée. J'ai eu beaucoup de réponses [à mes questions], parce que je suis venue à l'atelier avec beaucoup d'attentes, beaucoup de questionnements et ça m'a beaucoup aidée. […] Mes objectifs sont plus clairs actuellement. Cette formation m’a permis également, de me sentir plus convaincante et en meilleure maîtrise de mes arguments. Ça m'a permis d'être plus patiente, d'avoir l'esprit plus ouvert et de pouvoir comprendre, comment je vais amener mes collègues et le commandement à considérer les enjeux de genre en termes de plus-value et de nécessité.
Depuis mon retour de formation j’ai apporté trois changements majeurs au sein de mon équipe de travail, le secteur JTFB à la MINUSCA. Premièrement, je me suis assurée de l’intégration genre dans les ordres opérationnels tels que “Il faut que des équipes mixtes quand on fait les patrouilles, c'est écrit et notifié dans le OPORDER” [ordre d’opération]. Deuxièmement, j'ai élaboré des items sur le genre pour les Operation Readiness Assessment (ORA) qu’il faudra faire valider et intégrer de manière définitive. Ces items expliquent les tâches pour la conseillère genre en lien avec les autres branches et visent à assurer qu’ils intègrent une dimension genre dans l’évaluation des ORA et dans le maintien de la proactivité et de leur opérationnalité. Finalement, je m’assure que toutes les unités recueillent des données ventilées et qu’elles soient conscientes de l’utilité de ces données pour la réussite de notre mission.»
Lieutenant Colonel Tabara Sylla - Conseillère militaire genre au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA)
Ma participation à la formation pour les conseiller·ère·s militaires genre (CMG) « m’a permis d’acquérir des connaissances d'une très grande utilité [pour] mon travail quotidien comme chef de Bureau Genre. Cela me permettra d'apporter une plus-value dans la prise en compte de la dimension genre au niveau opérationnel et tactique.»
« Depuis mon retour de formation j’ai fait comprendre aux décideurs la nécessité d'augmenter le taux de participation des femmes dans les instances de prise de décision mais aussi [...] qu'on doit être des agent·e·s de changement. »
Major Claudine Murekerisoni - Cheffe du Bureau Genre à la Force de Défense Nationale du Burundi
« Je travaille présentement à la création de formations avancées sur ce sujet pour répondre aux besoins spécifiques de l’armée canadienne et créer des programmes de formation spécifiques aux besoins de l’état-major et des opérateurs.»
Major Landre - Conseiller militaire genre pour les Forces armées canadienne
« Au départ, je faisais seulement la collecte d’informations et assurais la collaboration avec les équipes d’engagement sur le terrain et les points focaux militaires genre (PFMG). À mon retour de formation, j’étais désormais en mesure de préparer des rapports pour la protection de l'enfance et sur les violences sexuelles, analyser, ventiler et exploiter les données qui me sont transmises au département genre, rédiger des notes de services, bâtir un réseau de collaboration entre les divisions civiles et le CMG ainsi que renforcer l’échange d'informations avec les PFMG. La formation m’a permis d’apprendre le cadre de travail des CMG, les tâches assignées à ce rôle, comment organiser mon travail, les objectifs des CMG afin qu’à mon tour je devienne CMG. »
Capitaine Latifa Guerbazi - Assistante genre et protection de l’enfance de l’état-major de la force de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO)